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Les logiciels libres nous libéreront !

•Cédric Famibelle-Pronzola

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Les logiciels libres nous libéreront !

« Les logiciels libres nous libéreront ». Cette phrase, devrait résonner aux quatre coins de la planète. De la Silicon Valley, jusqu'au continent, en passant par les derniers territoires à décoloniser. Elle n'est pas un vœu pieux, ou une incantation, mais bien une certitude. Pour nous libérer, nous devons tous prendre conscience de l'importance des logiciels libres et de la philosophie qui en découle.

Qu'est-ce qu'un logiciel ?

Tout d'abord, regardons la définition du mot logiciel. Je vous propose celle de l'académie française (dictionnaire-academie.fr) : « Ensemble structuré de programmes remplissant une fonction déterminée, permettant l'accomplissement d'une tâche donnée. Logiciel de traitement de texte, de dessin. Logiciel éducatif, pédagogique. Logiciel de simulation, de jeu. Le logiciel d'exploitation d'un ordinateur »

À titre d'exemple, Windows est un logiciel d'exploitation (ou système d'exploitation), pas le meilleur, peut-être même le pire de tous, mais c'est le plus répandu, notamment grâce à du lobbying agressif, saupoudré de la corruptibilité de traîtres en costard. GNU/Linux fait également parti des logiciels d'exploitation, au même titre que macOS. Microsoft Word lui, est un logiciel de traitement de texte, tout comme Writer de la suite bureautique Libre Office. Chrome, Edge, Firefox, Brave et Opéra sont également des logiciels. Ils sont plus communément appelés, navigateurs web.

Qu'est-ce qu'un logiciel libre ?

Pour définir ce qu'est un logiciel libre, utilisons la plus grande encyclopédie en ligne collaborative, elle-même construite avec le logiciel libre MediaWiki (mediawiki.org). Selon Wikipedia (wikipedia.org) : « Un logiciel libre est un logiciel dont l'utilisation, l'étude, la modification et la duplication par autrui en vue de sa diffusion sont permises, techniquement et juridiquement .» Vous l'aurez compris, Windows, macOS, Microsoft Word et Chrome n'en sont pas. En effet, même si nous pouvons les utiliser, nous ne pouvons pas les étudier ou les modifier (en tout cas pas légalement). À contrario, GNU/Linux, Libre Office et Firefox cochent toutes les cases. C'est-à-dire que ces derniers, garantissent à l'utilisateur les quatre libertés essentielles qui définissent un logiciel libre :

  1. Liberté d'exécuter le programme
  2. Liberté d'étudier le code source du programme et de le modifier
  3. Liberté de distribuer des copies
  4. Liberté de distribuer des copies d'une version modifiée

Si un logiciel ne respecte pas une seule de ces libertés, il n'est pas libre. C'est un logiciel propriétaire.

Les réseaux sociaux

Cette distinction entre logiciels libres et logiciels propriétaires peut également se faire avec les réseaux sociaux. Très souvent, les concepteurs de logiciels propriétaires, cherchent de la rentabilité. Or, comment être rentable avec des logiciels gratuits ? C'est simple, il suffit de vendre les données personnelles des utilisateurs ou d'ajouter de la publicité. Les deux sont possibles. Entendons-nous bien, il n'est pas question ici de jeter l'opprobre (et non l'eau propre) sur les développeurs ou les sociétés qui font des bénéfices avec leurs programmes (il faut bien payer son loyer et manger). Mais selon moi, un logiciel, devrait au moins être éthique et respecter la vie privée de ses utilisateurs. Prenons l'exemple de Facebook. Malgré sa gratuité, il y a un prix à payer pour avoir le droit de l'installer et de l'utiliser. Je me permets trois questions pour illustrer mon propos :

  • Lisez-vous réellement l'intégralité des CGU (conditions générales d'utilisation) avant d'installer une application ?
  • Connaissez-vous les permissions (micro, caméra, fichiers…) que vous accordez aux applications en les installant ?
  • Avez-vous déjà vu une publicité en lien avec une conversation (pas forcément téléphonique) tenue quelques minutes plus tôt, apparaître sur Instagram ou YouTube ?

Si pour les deux premières questions la réponse est « non », il ne faut pas s'étonner d'un « oui » pour la dernière. Cependant, il existe des alternatives libres à ces applications. Elles sont respectueuses de la vie privée et garantes des libertés individuelles. Même si elles sont moins utilisées, elles sont toutes aussi intuitives que leurs alter égos propriétaires. Je parle de Mastodon (joinmastodon.org) et de PeerTube (joinpeertube.org) entre autre. J'aurai l'occasion de revenir sur ces derniers, dans un autre article traitant du Fediverse. Mais pour simplifier, Mastodon est une alternative libre à X et PeerTube une alternative libre à YouTube. En attendant l’article lié à ces solutions, voici une vidéo très courte (runtube.re) expliquant ce qu’est le Fediverse.

Résumons

D'un côté nous avons des logiciels très souvent payants (gratuits pour certains), dont nous ignorons tout de leur fonctionnement, qui potentiellement siphonnent nos données personnelles pour mieux nous abreuver de publicités ciblées. De l'autre, nous avons des logiciels, gratuits pour la très grande majorité, qui peuvent être décortiqués dans les moindres détails, modifiés et partagés, qui respectent les libertés individuelles et la protection de la vie privée. Le choix est vite fait me direz-vous, nous devrions tous choisir la liberté. Pourtant, l'écrasante majorité choisit la prison que sont les logiciels propriétaires, alors même que l'équivalent libre existe. Cela s'explique par la méconnaissance du grand public des logiciels libres. Les grands groupes qui détiennent ces geôles numériques, comptent sur notre ignorance et le manque cruel d'intégrité des décideurs, pour nous y enfermer à jamais.

Changeons nos habitudes

En dehors de la méconnaissance des logiciels libres, le fond du problème tient en trois mots : zone de confort. Cet endroit dans lequel nous sommes à l'aise, où nous nous sentons en sécurité, est très agréable. Nous voudrions tous y rester le plus longtemps possible, sans jamais en sortir. Mais voilà, ce lieu si idyllique nous fait passer à côté de choses essentielles, telle que le savoir et la liberté. Nous devrions tous faire un tour en dehors de notre zone de confort de temps à autre, voir ce qui s'y passe. Quitte à y retourner après chaque escapade. Les seuls risques sont, l'acquisition d'un savoir, et la liberté. J'aime à dire que si le savoir est une arme, le logiciel libre est un bouclier.

Nous devons progressivement réduire notre dépendance aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et éviter d'utiliser les outils mis à dispositions par des firmes, qui exploitent nos données pour les revendre au plus offrant. N'ayons pas peur de sortir un peu de notre zone de confort pour nous émanciper. C'est à la portée de tous. Il suffit d'une bonne dose de volonté et d'un peu de temps. Ni plus ni moins. Notre ignorance, le gaspillage de notre temps dans les méandres des algorithmes et notre peur du changement, alimentent les GAFAM et causeront notre perte. Même si le chemin à l'air rude et semé d'embûche, il n'en est rien. De plus, c'est un chemin à prendre pour s'émanciper, se libérer.

Pour commencer la petite escapade, voici un tableau simple de logiciels propriétaires et de leurs équivalents libres :

Type Logiciel Propriétaire Logiciel Libre
Suite bureautique Microsoft Office Libre Office (libreoffice.org)
Navigateur Edge Firefox (mozilla.org)
Lecteur multimédia Lecteur multimédia (Microsoft) VLC (videolan.org)
Messagerie électronique Courrier (Microsoft) Thunderbird (thunderbird.net)

L'idée n'est pas de vous jeter à corps perdu dans toutes ces alternatives en même temps, ce serait chronophage. Prenez déjà connaissance de leur existence et essayez-les une à une sur une période que vous définirez. Une semaine, deux semaine, un mois, peu importe la durée. L'important étant d'en essayer de manière régulière. Certaines nécessitent un peu de temps pour la prise en main ou la configuration (Libre Office, Thunderbird), mais d'autres, sont très simples à utiliser (VLC, Firefox).

Au fil des sorties en dehors de votre zone de confort, vous découvrirez un vaste catalogue de logiciels libres adaptés à tous vos besoins. Pour vous aider dans votre voyage, l'association Framasoft propose l'annuaire du libre, Framalibre (framalibre.org).

Économies pour les collectivités

Ces derniers temps, parallèlement à la lutte contre la vie chère initiée par le RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro Caribéens), on entend parler de la suppression de l'octroi de mer dans les dernières colonies françaises. Ce qui impactera de manière significative le budget des collectivités. Pour compenser, ces dernières peuvent faire des économies grâce à la transition vers les logiciels libres.

Prenons trois exemples concrets :

  • La ville de Rennes s'est tournée vers les logiciels libres pour faire des économies, comme nous l'explique l'article de Numerama (numerama.com)
  • La ville de Lyon a abandonné Microsoft « pour aller vers un recours général au logiciel libre », d'après Tribune de Lyon (tribunedelyon.fr)
  • Cet article de la Gazette des Communes (lagazettedescommunes.com) nous explique que les collectivités territoriales passent aux logiciels libres.

Il existe cependant un contre exemple. Il s'agit de la ville de Zurich, en Suisse. Selon Le Monde Informatique (lemondeinformatique.fr), elle a fait le chemin inverse. C'est-à-dire qu'elle a abandonné GNU/Linux pour Microsoft. Mais si on s'attarde sur une précision en fin d'article, on apprend que c'est Accenture qui a « recommandé de retourner à Windows ». Rien d'anormal me direz-vous. Une mairie demande conseil, une étude est fournie, puis une décision est prise. Sauf qu'en faisant quelques recherches, on constate que Microsoft et Accenture sont partenaires (accenture.com). La question de l'impartialité de « l'étude demandée par le Maire » se pose donc.

Les logiciels libres nous libéreront

Comment vont-ils nous libérer ? Mais surtout, de quoi vont-ils nous libérer ?

Cet article met en perspective deux mondes diamétralement opposés. D'un côté nous avons l'appât du gain, l'individualisme et l'opacité. De l'autre, la solidarité, le partage et la transparence. D'un côté un monde fermé et financiarisé à outrance. De l'autre, un monde de liberté et profondément humain.

Les logiciels libres nous libéreront de la tyrannie oligopolistique des grands groupes de la tech, tout en ouvrant la voie à un autre monde. En effet, nous vivons au rythme des GAFAM et des marchés financiers. Nous les alimentons en utilisant leurs geôles numériques. Sans nous, ils n'existent pas, sans eux nous sommes libres. Il est primordial d'arracher notre indépendance vis-à-vis de l'état colonial, mais il devient tout aussi nécessaire que nous nous libérions du capitalisme, en changeant nos habitudes de consommation. C'est valable pour l'alimentaire autant que pour le numérique.

Imaginons un monde dans lequel la conception d'outils informatiques se ferait, avec la prééminence de l'humain sur le capital. Un monde de transparence, de solidarité, à mille lieues du capitalisme et de sa course effrénée pour la captation de richesses. Un monde dans lequel nos libertés individuelles seraient respectées et notre vie privée protégée. Ce monde est possible, sortons de notre zone de confort et créons ce monde ensemble.

Les logiciels libres nous libéreront.

Pour en savoir plus :

Cet article a été rédigé par Cédric Famibelle-Pronzola et est disponible sous licence Creative Commons BY-NC-SA 4.0 (Attribution - Utilisation non commerciale - Partage dans les mêmes conditions)